Rome ne se résume pas à ses ruines antiques. Dans le quartier Flaminio, le MAXXI tranche par ses courbes de béton et ses passerelles suspendues. La lumière naturelle, filtrée par des verrières étroites, découpe l’espace en séquences graphiques. Les grands tirages contemporains y voisinent des maquettes urbaines ; l’appareil photo explore ces perspectives diagonales, capturant l’entrelacs de rampes et de parois immaculées.
Plus au centre, les musées capitolins offrent un contrepoint classique. Les salles abritent bustes, mosaïques et bronzes monumentaux. Pourtant, ce sont les détails qui retiennent l’attention : une main sculptée posée sur un accoudoir, une draperie dont le marbre semble vibrer. Les fenêtres ouvrent sur le forum, créant une mise en abyme où l’extérieur complète la scénographie intérieure.
Notre parcours intègre également les réserves photographiques du Vatican, où les restaurateurs examinent minutieusement manuscrits et textiles. L’atmosphère y est feutrée, ponctuée par le bruit discret des gants qui froissent le papier. Les clichés réalisés rendent hommage à ces gestes patients qui permettent de transmettre les œuvres.
À l’échelle de la ville, Rome témoigne d’un dialogue permanent entre monumentalité et quotidien. Les marchés de quartier cohabitent avec des façades baroques, les cafés improvisent des terrasses contre des colonnes millénaires. L’objectif se concentre sur ces frictions harmonieuses, révélant un patrimoine vivant.
La série romaine souligne enfin la place de la nuit : les ponts se reflètent dans le Tibre, les portiques s’illuminent doucement, les silhouettes des visiteurs se dessinent en contre-jour. Plus qu’un inventaire, les images constituent une invitation à ressentir cette circulation du temps propre à Rome, où chaque pas remet en jeu l’héritage collectif.
« Le travail présenté ici s’inscrit dans un projet au long cours traversant plusieurs villes et années d’observation. Chaque image est une rencontre entre l’architecture urbaine et la présence humaine. »— Zenati
À mesure que la technologie digitale se développe, elle ouvre de nouveaux territoires d’expression artistique. L’enjeu est d’articuler cette innovation avec des principes esthétiques intemporels, afin que la technique amplifie le propos plutôt que de s’y substituer.
Cette recherche d’équilibre permet d’allier spontanéité et précision, et de saisir des situations qui auraient pu disparaître en une fraction de seconde. Le médium numérique offre des outils de sauvegarde, de mise en scène et de diffusion qui prolongent le geste créatif.
La véritable difficulté n’est pas technologique : elle réside dans la capacité à préserver la dimension humaine, celle qui confère aux images leur résonance émotionnelle. Les outils évoluent, mais la volonté de dialoguer par le regard demeure.